Scrutatio

Venerdi, 26 aprile 2024 - San Marcellino ( Letture di oggi)

Deuxième livre des Macchabées 6


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1Peu de temps après, le roi envoya Géronte l'Athénien pour forcer les Juifs à enfreindre les loisde leurs pères et à ne plus régler leur vie sur les lois de Dieu,2pour profaner le Temple de Jérusalem et le dédier à Zeus Olympien, et celui du mont Garizimà Zeus Hospitalier, comme le demandaient les habitants du lieu.3L'invasion de ces maux était, même pour la masse, pénible et difficile à supporter.4Le sanctuaire était rempli de débauches et d'orgies par des païens qui s'amusaient avec desprostituées et avaient commerce avec des femmes dans les parvis sacrés, et qui encore y apportaient des chosesdéfendues.5L'autel était couvert de victimes illicites, réprouvées par les lois.6Il n'était même pas permis de célébrer le sabbat, ni de garder les fêtes de nos pères, nisimplement de confesser que l'on était Juif.7On était conduit par une amère nécessité à participer chaque mois au repas rituel, le jour de lanaissance du roi et, lorsqu'arrivaient les fêtes dionysiaques, on devait, couronné de lierre, accompagner lecortège de Dionysos.8Un décret fut rendu, à l'instigation des gens de Ptolémaïs, pour que, dans les villes grecques duvoisinage, l'on tînt la même conduite à l'égard des Juifs, et que ceux-ci prissent part au repas rituel,9avec ordre d'égorger ceux qui ne se décideraient pas à adopter les coutumes grecques. Toutcela faisait prévoir l'imminence de la calamité.10Ainsi deux femmes furent déférées en justice pour avoir circoncis leurs enfants. On lesproduisit en public à travers la ville, leurs enfants suspendus à leurs mamelles, avant de les précipiter ainsi duhaut des remparts.11D'autres s'étaient rendus ensemble dans des cavernes voisines pour y célébrer en cachette leseptième jour. Dénoncés à Philippe, ils furent brûlés ensemble, se gardant bien de se défendre eux-mêmes parrespect pour la sainteté du jour.12Je recommande à ceux qui auront ce livre entre les mains de ne pas se laisser déconcerter àcause de ces calamités, et de croire que ces persécutions ont eu lieu non pour la ruine mais pour la correction denotre race.13Quand les pécheurs ne sont pas laissés longtemps à eux-mêmes, mais que les châtiments netardent pas à les atteindre, c'est une marque de grande bonté.14A l'égard des autres nations, le Maître attend avec longanimité, pour les châtier, qu'ellesarrivent à combler la mesure de leurs iniquités; ce n'est pas ainsi qu'il a jugé à propos d'agir avec nous,15afin qu'il n'ait pas à nous punir plus tard lorsque nos péchés auraient atteint leur pleinemesure.16Aussi bien ne retire-t-il jamais de nous sa miséricorde: en le châtiant par l'adversité, iln'abandonne pas son peuple.17Qu'il nous suffise d'avoir rappelé cette vérité; après ces quelques mots, il nous faut revenir ànotre récit.18Eléazar, un des premiers docteurs de la Loi, homme déjà avancé en âge et du plus nobleextérieur, était contraint, tandis qu'on lui ouvrait la bouche de force, de manger de la chair de porc.19Mais lui, préférant une mort glorieuse à une existence infâme, marchait volontairement ausupplice de la roue,20non sans avoir craché sa bouchée, comme le doivent faire ceux qui ont le courage de rejeterce à quoi il n'est pas permis de goûter par amour de la vie.21Ceux qui présidaient à ce repas rituel interdit par la loi le prirent à part, car cet homme étaitpour eux une vieille connaissance; ils l'engagèrent à faire apporter des viandes dont il était permis de faire usage,et qu'il aurait lui-même préparées; il n'avait qu'à feindre de manger des chairs de la victime, comme le roi l'avaitordonné,22afin qu'en agissant de la sorte, il fût préservé de la mort et profitât de cette humanité due à lavieille amitié qui les liait.23Mais lui, prenant une noble résolution, digne de son âge, de l'autorité de sa vieillesse et de sesvénérables cheveux blanchis dans le labeur, digne d'une conduite parfaite depuis l'enfance et surtout de la saintelégislation établie par Dieu même, il fit une réponse en conséquence, disant qu'on l'envoyât sans tarder au séjourdes morts.24"A notre âge, ajouta-t-il, il ne convient pas de feindre, de peur que nombre de jeunes,persuadés qu'Eléazar aurait embrassé à 90 ans les moeurs des étrangers,25ne s'égarent eux aussi, à cause de moi et de ma dissimulation, et cela pour un tout petit restede vie. J'attirerais ainsi sur ma vieillesse souillure et déshonneur,26et quand j'échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n'éviterai pas, vivant oumort, les mains du Tout-Puissant.27C'est pourquoi, si je quitte maintenant la vie avec courage, je me montrerai digne de mavieillesse,28ayant laissé aux jeunes le noble exemple d'une belle mort, volontaire et généreuse, pour lesvénérables et saintes lois." Ayant ainsi parlé, il alla tout droit au supplice de la roue,29mais ceux qui l'y conduisaient changèrent en malveillance la bienveillance qu'ils avaient euepour lui un peu auparavant, à cause du discours qu'il venait de tenir et qui à leur point de vue était de la folie.30Lui, de son côté, étant sur le point de mourir sous les coups, dit en soupirant: "Au Seigneurqui a la science sainte, il est manifeste que, pouvant échapper à la mort, j'endure sous les fouets des douleurscruelles dans mon corps, mais qu'en mon âme je les souffre avec joie à cause de la crainte qu'il m'inspire."31Il quitta donc la vie de cette manière (laissant dans sa mort, non seulement à la jeunesse, maisà la grande majorité de la nation, un exemple de courage et un mémorial de vertu).